Golgotha, Messiaen et Boudreau

26 février 2023 à 11h00

Salon Orange – Centre Pierre-Péladeau – UQAM
300 Boul. de Maisonneuve E, Montréal
Métro Berri-UQAM

Journée d’étude dans le cadre du festival Montréal/Nouvelles musique

Consultez le programme de l’événement

 

Horaire

11 h : Yves Balmer

12 h : Pause café

12 h 15 : Jean Boivin

12 h 45 : Sylvain Caron

 

Dans le cadre des activités scientifiques entourant le Festival Montréal/Nouvelles musiques, cette journée d’étude organisée par Sylvain Caron explore les mécanismes d’influence et de transmission dans des musiques d’inspiration spirituelle. Une attention spéciale sera portée à la figure du compositeur Olivier Messiaen, qui s’avère particulièrement importante pour la naissance de la modernité musicale au Québec.

 

Yves Balmer (Conservatoire supérieur de musique et de danse de Paris)

Olivier Messiaen: Une démarche syncrétique

La technique de l'emprunt se situe au cœur de la démarche de composition d'Olivier Messiaen. Non seulement il retient les traits musicaux de compositeurs de son époque, mais il ouvre son inspiration à des sources éloignées temporellement — le chant grégorien — et géographiquement — comme l'Inde, les Andes, Bali et la Papouasie- Nouvelle-Guinée. Nourri de cultures extra-européennes, et même de chants d'oiseaux, Messiaen réalise ainsi une sorte de syncrétisme musical orienté vers des thèmes de la théologie chrétienne : La Nativité, Les Corps glorieux, Les Visions de l'Amen, Saint François d'Assises... Il donne ainsi à sa musique des assises universelles, interreligieuses et interculturelles.

Yves Balmer est musicologue, compositeur et pédagogue. Il est professeur d'analyse musicale au Conservatoire de Paris et membre permanent de l’Institut de Recherche en Musicologie (Paris). Spécialiste d’Olivier Messiaen et plus généralement de la musique française au vingtième siècle, il est l’auteur de six livres incluant Le modèle et l’invention : Olivier Messiaen et la technique de l’emprunt (Symétrie, 2017) avec T. Lacôte et C. Murray et Un siècle de musicologie en France, (Société française de musicologie, 2018) avec H. Lacombe. Il a également écrit une quarantaine d’articles universitaires publiés notamment dans Journal of the American Musicological Society, Twentieth-Century Music,Musicalia et la Revue de musicologie. Il a été rédacteur en chef de la Revue de musicologie (2012-2019) et codirige la collection de livres de musique et

musicologie aux presses de la Sorbonne (SUP). Il est membre du comité directeur de la Fondation Olivier-Messiaen (Fondation de France). Depuis 2018, Yves Balmer développe une activité de compositeur : sa fascination pour le son, sa fragilité et ses états transitoires le conduit à un travail sur la sculpture de la résonance, qu’il associe à un geste musical calligraphié dans son cycle Piano Material (2018-2020), comme ses solos La Voix intérieure, pour saxophone alto (2019), Dark Energy, pour basson (2020) et Faire surgir la lumière, pour violoncelle (2020). Ses œuvres sont éditées à Paris par la maison Billaudot.

 

Jean Boivin (Université de Sherbrooke)

La classe de Messiaen : antichambre de la création musicale québécoise

La classe de Messiaen au Conservatoire de Paris (1941-1978) est un véritable terreau de la modernité musicale de la seconde partie du XXe siècle. L’originalité de ses compositions a inspiré de jeunes compositeurs appelés à définir l’avant-garde musicale de l'après-guerre, tels Pierre Boulez, Pierre Henry, Karlheinz Stockhausen et Iannis Xenakis. Bon nombre de compositeurs québécois, dont Serge Garant, Clermont Pépin, Gilles Tremblay et André Prévost, ont aussi profité de son enseignement, s’ouvrant ainsi à de nouvelles perspectives musicales. Humaniste d’une grande culture et fervent catholique dont la foi imprègne toute l’œuvre, Messiaen a tissé des liens d’amitié durables avec plusieurs personnalités québécoises de premier plan, tels Gilles Tremblay et Maryvonne Kendergi. Cette conférence destinée à un public mélomane vise à mettre en valeur le rôle crucial qu’a joué Olivier Messiaen dans le développement de la création musicale québécoise.

Professeur titulaire puis associé à l'Université de Sherbrooke, Jean Boivin détient un Diplôme d’études approfondies de l'Université de Paris IV-Sorbonne et un doctorat en musicologie de l'Université de Montréal. Il s’intéresse à différents aspects de l’histoire musicale du XXe siècle, tant au Québec qu’en Europe. Son livre La classe de Messiaen (Paris, Bourgois, 1995) a été couronné de plusieurs prix et a été traduit en japonais en 2020 (Tokyo, Artes). Il a été invité à participer à plusieurs colloques internationaux et a collaboré à divers ouvrages collectifs (parus notamment aux éditions Garland, Einaudi, Actes Sud, Ashgate, Vrin et Symétrie) ainsi qu’à des revues de musicologie, dont les Cahiers de l’histoire de la radiodiffusion (France). Le prix

de « L’article de l’année » lui a été décerné par le Conseil québécois de la musique à deux reprises (1999 et 2002). Depuis l’automne 2013, il est le rédacteur en chef des Cahiers de la Société québécoise de recherche en musique, association dont il a été le président de 1998 à 2001. Il prépare une monographie sur l’histoire de la musique moderne au Québec (1930-1967). La Société de musique des universités canadiennes lui décernait en 2022 le prix d’excellence de la Fondation SOCAN/MusCan pour l’avancement de la recherche en musique canadienne.

 

Sylvain Caron (Université de Montréal)

Le Golgotha: Récit, image et imagination

Profondément ancrés dans l'imaginaire occidental chrétien, la crucifixion de Jésus et le Golgotha ont suscité un grand nombre de créations artistiques. Cette conférence vise à unifier les dimensions spirituelles, théologiques, picturales et musicales qui s'entrecroisent dans des œuvres faites sur ce thème. Dans la gravure Les Trois croix (1653), Rembrandt ouvre le récit biblique à des dimensions plus universelles à travers un jeu d'ombres et de lumières. Inspiré par cette gravure, Frank Martin compose son oratorio Golgotha (créé en 1949) en faisant ressortir la létalité des intégrismes religieux à travers une musique qui exalte la libre vocalité. Plus près de nous, le Golgot(h)a de Walter Boudreau (1990) se situe quant à lui dans le sillage des chemins de croix, mettant en écho un répons de Victoria (XVIe siècle), un poème de Raôul Duguay et des sonorités contemporaines instrumentales et échantillonnées.

Professeur titulaire à la Faculté de musique de l’Université de Montréal, Sylvain Caron mène des recherches en musicologie de la performance, plus particulièrement sur les liens entre interprétation musicale, analyse et expression. Il est coéditeur de deux livres: Musique et modernité en France (PUM, 2006); Musique, art et religion (Symétrie, 2009). Il a aussi présenté des conférences et publié des articles sur l’écriture fauréenne (Revue de musique des universités canadiennes, 2002), les mélodies de Daniel-Lesur (PUPS, 2009), de Fauré (PUM, 2006) et de Chausson (à paraître), les relations entre peinture et musique chez Denis et Caplet (L’Harmattan, 2011), la musique religieuse de Koechlin (Mardaga, 2010), Le Miroir de Jésus de Caplet (Vrin, 2021)

et les Vêpres de la Vierge de Tremblay (Cahiers de la SQRM, 2011). Avec Erica Bisesi et Caroline Traube il a co-rédigé le chapitre « Analyser l’interprétation : une étude comparative des variations de tempo dans le premier prélude de L’Art de toucher le clavecin de François Couperin », paru dans Musique et cognition, un collectif dirigé par Philippe Lalitte aux Éditions universitaires de Dijon (2019). Enfin, Sylvain Caron est membre du comité éditorial de Musurgia : Analyse et pratiques musicales, et membre du conseil d’administration de la Société française d’analyse musicale.

 

Comité organisateur

Comité de coordination