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Les séminaires interdisciplinaires de création d’opéra et de composition de musique pour la scène réunissent un corps enseignant en composition de la Faculté de musique de l’Université de Montréal (Ana Sokolović), du Département d’histoire de l'art et d'études cinématographiques de la Faculté des arts et des sciences (Olivier Asselin), de l’École de design de la Faculté de l’aménagement (Marie-Josèphe Vallée), de l’École nationale de théâtre du Canada (Diane Pavlović et Andrea Romaldi) et de l’École de danse contemporaine de Montréal (Sarah Bild).
Dans le cadre de ce séminaire, nous avons entamé la création de quatre opéras d’une durée de cinq minutes conçus pour être en ligne. Ils ont été créés par quatre groupes interdisciplinaires d’étudiant·es aux cycles supérieurs en composition, littérature et/ou théâtre, cinéma et scénographie. Chaque équipe a effectué ses propres choix de création individuels avec le soutien de l’équipe de recherche, mais le travail de création s’est fait aussi à travers des ateliers de co-création réunissant toutes les équipes et des artistes invité·es.
Le format court des opéras a permis, d’une part, d’impliquer un plus grand nombre d’étudiant·es dans la création, et, d’autre part, s’est révélé propice à une plateforme en ligne, où la temporalité diffère de la scène traditionnelle. Les quatre opéras sont réunis par la thématique métathéâtrale suggérée par la notion du « fleuve », permettant une réflexion sur le genre opératique et son avenir. Pour la création de ces opéras, conçus pour une plateforme numérique, il a fallu développer un « langage » qui emprunte davantage au cinéma et à l’art vidéo, tels qu’un recours aux ressources du cadrage et des mouvements de caméra, l’inscription d’un véritable point de vue et point d’écoute, la configuration d’une durée et d’un rythme qui ne doivent pas seulement à la poétique musicale, mais aussi à la poétique audio-visuelle et le recours aux possibilités rhétoriques du montage pour produire une lecture visuelle et sonore du matériau musical. Par ailleurs, une réflexion concernant le mode de diffusion le plus approprié à une interrogation des modalités de présence offertes par la plateforme en ligne (captation standard, réalité virtuelle avec captation 360°, réalité augmentée ou téléprésence) nous a permis d’atteindre l’objectif de décomposer la structure rigoureuse de l’opéra sur la grande scène.
Nous avons aussi exploré d’autres possibilités expressives, comme le recours à une technique vocale qui tienne compte de la diffusion sonore par haut-parleurs ou par casque d’écoute et le développement d’une conception sonore qui enchâsse la voix dans le son, le bruit, la parole, et pas seulement la musique, permettant ainsi de lui donner de la présence corporelle, physique, matérielle. Nous avons cherché une manière d’encoder le son qui permet de recréer une expérience précise de la spatialité. Des ateliers de co-création figurant des artistes issu·es d’une gamme de cultures et de traditions musicales différentes a assuré une grande diversité et inclusion dans le processus de création avec le soutien de l’Opéra de Montréal.
Au cours du processus de création, des rencontres hebdomadaires nous ont permis d’identifier les questions de recherche et les problèmes pratiques qui ressortent du processus, et d’y développer des réponses, à la fois dans la création, mais aussi de manière théorique. L’expertise interdisciplinaire de l’équipe de recherche nous a permis d’aborder les nouvelles problématiques sous plusieurs angles.