A Posthuman Voice: Vocal Aesthetic and Identity in 2000s Witch House

Mardi 21 février 2023

12h00 - 13h00

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Depuis les années 1960, les progrès technologiques dans la production musicale ont permis à la voix humaine – en particulier à la voix féminine – de devenir un véhicule d’expérimentation sonore. Les femmes pionnières de la musique électronique (par exemple Ruth White) manipulent leurs propres voix pour brouiller les cloisons entre l’humain organique et l’«autre » synthétique. Au fur et à mesure que la technologie progresse et devient plus accessible, des opportunités de création surgissent où les frontières organiques et synthétiques sont encore obscurcies, créant des moments musicaux particuliers – voire des genres entiers – qui brouillent les perceptions sonores, créant un flou entre l’endroit où la voix humaine se termine et où celle mécanisée commence. 

Dans cette conférence, j’examine comment les philosophies du post-humanisme et du cyborg-féminisme fonctionnent en tandem avec les théories musicales du timbre et de la production pour évaluer comment les frontières entre la voix féminine et la machine musicale se sont érodées au cours des deux dernières décennies. Mes études de cas incluent des groupes de Witch House dirigés par des femmes où la production vocale pourrait amener l’auditeur à remettre en question non seulement la relation entre organique et synthétique, mais aussi le corps vocalique dans son ensemble (Chion 1983; Connor, 2000). De telles approches de la musique électronique récente révèlent des tendances post-humanistes qui amènent à reconsidérer les dualismes humanistes cartésiens, y compris organisme/machine, physique/non physique et conscient/ignorant (Grosz 1994; Wajcman, 2004; Braidotti, 2019). En mettant l’accent sur ces dualismes obscurcis dans la musique de Witch House, deux techniques de production spécifiques apparaissent : la première étant lorsque les voix sont fortement masquées par des effets filtrants qui confèrent une ambiguïté marquée aux conjectures genrées dans la livraison vocale (Kane 2014; Eidsheim 2020); la seconde brouille les perceptions de l’auditeur quant à l’identité de genre et « l’humanité » du vocalisateur à travers des éléments musicaux provenant de machines qui imposent un contrôle sur le rendu vocal par le biais de points de contrôle qui placent la voix dans un royaume nettement synthétique. Ces catégories sont encore aggravées par l’esthétique de Witch House qui tend à masquer l’identité des artistes à la fois sur les pochettes d’albums et lors de la performance live, laissant à l’auditeur une marge de manœuvre supplémentaire pour formuler ses propres conceptions du corps vocal en fonction des éléments organiques minimalisés du genre. D’après une évaluation post-humaniste, alors que la voix féminine se fond inextricablement dans la machine musicale, l’identité du personnage chanteur n’est pas compromise, mais est plutôt autorisée à s’élever au-delà des conventions binaires des Lumières occidentales étayées par les systèmes patriarcaux.


Tyler Osborne

Tyler Osborne a complété son doctorat en théorie musicale à l’Université d’Oregon en 2020. Sa recherche sur Fanny Hensel et le Formenlehre au XIXe siècle a été publiée dans Music Theory Spectrum, Music Theory Online, et The Songs of Fanny Hensel paru chez Oxford University Press. En plus de s’intéresser à la musique du XIXe siècle, il étudie les intersections entre la philosophie et la musique populaire, plus spécifiquement le post-humanisme présent dans la musique EDM et le death metal. Tyler est présentement professeur adjoint de théorie musicale à l’Université d’Oregon le jour, et un barman le soir.