Chiffres of Change: Music and Apocalypse

Jeudi 23 février 2023

13h15 - 16h00

En se concentrant sur la notion de la possibilité métaphysique de changement, cette communication explore un exemple musical particulier de changement : la perte du monde. Partant de l’observation générale que la musique joue un rôle particulier lorsqu’il s’agit de l’effondrement des mondes, il sera question de l’étude de deux scènes philosophiques (de Platon et Schopenhauer) dans lesquelles la musique est considérée comme ouvrant la possibilité du changement. Chez Platon, la musique consiste en un facilitateur éducatif du changement (individuel, personnel) qui est décrit de manière ambiguë en termes de souveraineté et d’absence de fondement. Pour Schopenhauer, la musique est considérée comme the very edge of the world, où la perte du monde (et la transition vers le renoncement religieux) est un aspect structurel du concept même de la musique. 

Cette conception de la musique comme étant en quelque sorte à l’extérieur, ou en marge du monde, mais dans un sens hyperbolique et presque rédempteur, est ensuite reprise dans une discussion du blockbuster hollywoodien The Big Short (2015), dans lequel l’effondrement (historique) de Wall Street en 2007 est prophétisé par un certain nombre de figures marginales, dont l’une entretient une relation particulière avec la musique. Encore une fois, la musique apparaît comme une figure (un chiffre) du changement que ces personnages prévoient, et un changement vers la fin du film suggère une perte qui affecte non seulement le monde, mais cette fois aussi la musique.

 Alors que la musique a historiquement été considérée comme un agent de changement (de sentiments, de concept ou de socialité), ici, il semblerait que ce soit la musique elle-même qui soit affectée par la possibilité de changement au-delà de la reconnaissance, et peut-être au-delà de son propre concept. L’idée de musique suggérerait alors une logique du changement rappelant d’une part les hyperboles éminentes des théologies de la musique ancienne (Augustin), et d’autre part les récits plus récents de changement, d’apocalypse et de miracles chez des penseurs aussi divers que Derrida et Meillassoux, et dans des romans contemporains « apocalyptiques » tels que La Maîtresse de Wittgenstein de David Markson (1988). La perte de musique dans ces œuvres suggère-t-elle une possibilité de nouveaux mondes ?


Sander van Maas

Sander van Maas enseigne la philosophie et la musique au Utrecht University College, à l’Université d’Amsterdam et au Conservatorium van Amsterdam. Ses publications incluent The Reinvention of Religious Music: Olivier Messiaen and the Breakthrough toward the Beyond (Fordham UP, 2009), Thresholds of Listening: Sound, Technics, Space (Fordham UP, 2015) et Contemporary Music and Spirituality (Routledge, 2016).