Musical Codes and Intergalactic Spirituality
Samedi 25 février 2023
9h00 - 12h00
Jusqu’à récemment, les discussions sur la musique et la spiritualité étaient ancrées dans l’humain. Bien que cet ancrage soit peut-être égalitaire dans l’esprit commun, par définition, il exclut l’étranger et, dans la pratique, il est empêtré dans des idéologies et des institutions exclusivement humaines. La notion de post-humain outrepasse d’une certaine manière ces restrictions, mais est toujours attachée au cadre de l’humain via le préfixe « post- ». L’Intergalactic Music Theory of Everything (IMTE), inaugurée dans Alien Listening de Daniel K. L. Chua et Alexander Rehding, « reconnaît le posthumain et l’Anthropocène, mais elle passe aussi devant eux dans son vaisseau spatial, agitant par la fenêtre comme pour dire “Been there! Done that!” »
En réfléchissant à ce qui pourrait d’une manière ou d’une autre communiquer à travers les galaxies, la théorie distille la musique à la répétition nue. Comme on peut le voir et l’entendre dans l’une des représentations les plus élémentaires de la répétition, une onde sinusoïdale, la répétition n’est pas une simple réplication, mais une relation à travers un point de différence. La musique en tant que répétition permet donc de faire la paix avec un autre (un étranger) – ce qui résulte en une relation spirituelle. Dans ma propre contribution à IMTE, je décris les cinq codes ou canaux par lesquels les fréquences extraterrestres nous atteignent et nous touchent. Ces codes sont la texture, les memes, la structure, les semes et la divulgation. Ils correspondent, respectivement, aux cinq nœuds du cycle de vie de la musique : événement, interface multimédia, stockage de données, autre interface et réévénement. Et ces codes sont davantage alignés sur les formes élémentaires de connaissances découlant du cycle d’apprentissage expérientiel.
Dans cet article, je donne un bref aperçu de ces codes et de leur fonctionnement dans L’île résonante d’Éliane Radigue – qui a été décrite comme une « chamane du son » –, œuvre à travers laquelle le son synthétique « s’est trouvé » (Björn Gottstein). Je suggère que ces codes, dont la dynamique sous-jacente n’est pas spécifique aux humains, permettent de déployer une spiritualité de compréhension post-humaine et intergalactique.
Matthew Arndt
Matthew Arndt, professeur agrégé de théorie musicale à l’Université de l’Iowa, est titulaire d’un doctorat de l’Université du Wisconsin-Madison. Il étudie la poétique musicale, le chant à trois voix de la République de Géorgie et d’autres formes de spiritualité en musique. Il est l’auteur de The Musical Thought and Spiritual Lives of Heinrich Schenker and Arnold Schoenberg (Routledge, 2018). Ses articles paraissent dans le Journal of Music Theory, le Journal of Schenkerian Studies, Music Theory and Analysis, Music Theory Spectrum, les Proceedings of the Eighth International Symposium on Traditional Polyphony, Theoria, Theory and Practice, et Zeitschrift der Gesellschaft für Musiktheorie.