Ornette Coleman’s Harmolodic Theory: Between Metaphysics and Musicking

Samedi 25 février 2023

13h15 - 17h30

Dans cette communication, je souhaite discuter du rôle de la métaphysique dans la musique et la philosophie musicale d’Ornette Coleman. Coleman n’est pas seulement l’un des musiciens les plus importants de l’histoire du jazz et des traditions d’avant-garde au 20e siècle, mais peut également être considéré comme « un conceptualiste et théoricien » (Lock, 1988, 17); célèbre notamment en tant que fondateur de ce qu’il appelle la théorie harmolodics. Coleman aborde le concept harmolodics comme une théorie dans laquelle l’harmonie, la mélodie, le mouvement, le rythme et le mètre sont considérés non pas hiérarchiquement, mais fondamentalement égaux. En créant un système théorique de la musique qui tente de réorganiser les paramètres musicaux fondamentaux d’une manière non hiérarchique, Coleman montre les limites de la « théorie et de la pratique musicales occidentales » et met en évidence les « manifestations idéologiques de l’éthique rationaliste d’exclusion de l’Occident » (Mackey, 1978, S. 375). Harmolodics représente le désir de Coleman souhaitant fonder un nouveau système de composition et d’improvisation, une nouvelle « grammaire sonore » (Myers, 2022), qui promeut différentes notions d’idées musicales, de jeu, de composition et d’improvisation. En somme, l’harmolodics est l’idéal de Coleman permettant de créer une musique égalitaire « sans que [personne] n’essaie de la dominer ou de la diriger » (Derrida & Coleman, 2004, 322).

À l’aide de cette communication, je souhaite discuter les implications de la théorie harmolodics de Coleman en ce qui concerne ses revendications métaphysiques. Le concept d’harmolodics est fascinant parce qu’il peut être compris comme une théorie musicale qui est fondée sur une philosophie cosmologique et politique plus large. La musique, la métaphysique et la politique semblent intimement reliés dans la vision de Coleman. Harmolodics tente non seulement d’organiser les sons musicaux de manière égale, mais inclut simultanément ses musiciens et auditeurs participants dans les idéaux de réorganisation égalitaire. En outre, l’harmolodics fait également référence au spirituel et au métaphysique, à l’aide même de ses termes musicaux, tels que l’harmonie ou l’unisson. Harmolodics, pour Coleman, devient donc une grande théorie « où toutes les idées – toutes les relations et l’harmonie – sont également à l’unisson » (Coleman, dans Hamilton, 2005, 24). Cette communication constitue les premières esquisses d’un projet de recherche plus approfondi qui se concentre sur l’enchevêtrement spécifique de la théorie formelle, de la politique et de la métaphysique dans la musique et la pensée de Coleman.


Malte Kobel

Malte Kobel a récemment complété son doctorat à l’Université Kingston de Londres. Sa thèse intitulée « The musicking voice: performance, affect and listening » développe une théorie de la voix comme étant une musicking entity et problématise sous un angle musico-épistémologique la philosophie de la voix et de la musique. Avant d’entamer son doctorat à l’Université Kingston, Malte a étudié la musicologie à l’Université de Vienne et à la Humboldt University de Berlin. Ses travaux ont notamment été publiés dans le Journal for Cultural Research et dans Sound Studies. Outre ses activités académiques, il enseigne, est co-directeur du label Hyperdelia, fait de la programmation artistique pour la radio et est l’instigateur du collectif BLATT 3000.