Place, Time, and the Non-human: Influences of Mediaeval Japanese Thought on my Descants Series for Solo Instruments in Natural Environments

Samedi 25 février 2023

13h15 - 17h30

Dans ma récente composition (série « Vanitas », 2014-17), s’engageant avec la pensée eschatologique bouddhiste mappō et la nature changeante de l’environnement au fil des siècles telle que préservée dans la mémoire culturelle (série « utamakura » pour instruments et enregistrements sur le terrain, 2018-2022), j’ai exploré l’interdépendance du son humain et non humain dans les œuvres pour la scène à travers le prisme de l’esthétique zen et de l’école de Kyoto. Lorsque les concerts ont été restreints en 2020, j’ai commencé à réévaluer l’événement de performance musicale lui-même dans ma pratique, en particulier les salles stériles et exclusives dans lesquelles la plupart des concerts sont effectués. Sans diminuer le rôle des enregistrements sur le terrain en tant que méthode pour apporter un environnement sonore particulier à un public ou pour fournir de la matière première avec laquelle le compositeur peut travailler, les restrictions imposées par la pandémie m’ont poussé à ré-imaginer ma façon de structurer un morceau de musique composé afin qu’il puisse fonctionner comme un exercice de communication inter-être (au sens large) plutôt que comme une déclaration à sens unique d’un « compositeur » contrôlant. Le résultat de cette réflexion est la série en cinq parties Descants (2020-21) pour instrumentiste solo (shō [doublant u], voix haute, objets, alto et shakuhachi respectivement) à interpréter dans un endroit extérieur. 

Dans ce manifeste artistique, je discuterai des concepts japonais médiévaux du temps (l’horloge prémoderne), du lieu (onmyōdō) et de la boudddhéité des non-humains (sōmokujōbutsu) qui ont influencé la création de la série Descants. Je discuterai également des premières représentations de quatre des pièces, de la signification spirituelle des lieux de représentation choisis et de la façon dont les libertés comprises dans les œuvres ont été interprétées par différents interprètes dans différents lieux et moments. Les enregistrements de ces performances – qui utilisent une variété de microphones dans des configurations inhabituelles afin de décentrer la musique composée et d’introduire un sentiment d’étrangeté, comme si l’écoute se faisait à travers des oreilles non humaines – documentent des cas uniques de communication entre l’environnement, l’interprète et le compositeur. Il est à souhaiter que ces pièces pourront être entendues « sotériologiquement », amenant potentiellement les auditeurs – y compris les interprètes et les compositeurs – à une compréhension plus profonde de la potentialité illimitée (creux; vide; néant) du monde.


Daryl Jamieson

Basé à Zushi et Fukuoka au Japon, Daryl Jamieson pratique la composition et la recherche. Il est cofondateur de la compagnie de musique et de théâtre interculturel Atelier jaku et aborde dans ses travaux l’esthétique japonaise, la musique contemporaine et la spiritualité. La musique de Jamieson est fortement influencée par son étude du théâtre nō et de la philosophie japonaise. En 2018, il a été lauréat du prix Toshi Ichiyanagi Contemporary Prize pour la troisième pièce de sa trilogie Vanitas. Il enseigne présentement la composition et l’esthétique musicale à la Kyushu University et sa musique est publiée par Da Vinci Edition, ainsi que par le Centre de musique canadienne.