Stopping the Wheel: Music, Time and Spiritual Experience in Sofia Gubaidulina’s Hommage à T. S. Eliot

Mardi 21 février 2023

12h00 - 13h00

En ligne

À la suite de la Révolution française, le temps a commencé à être vécu avec une plus grande intensité. La vision statique du monde a laissé place à un dynamisme qui a conduit à un vertige inconnu. Comment cette nouvelle anxiété pourrait-elle être atténuée? En 1799, Ludwig Tieck a publié, à titre posthume, le dernier écrit de Wackenroder. Dans ce recueil, il y a une très courte histoire, « Ein wunderbares morgenländisches Märchen von einem nackten Heiligen », qui résume le cœur de la conception romantique : le seul moyen de transcender le monde réel est la musique. La musique est considérée comme une rédemption, un éveil et un remède contre l’invincible souffrance du monde, dont le tourment s’exprime avant tout par le temps. Cette idée a été extrêmement influente, car elle expose avec une profondeur inhabituelle non seulement la relation privilégiée entre la musique et le temps, mais aussi la nécessité d’arrêter la roue du temps pour générer l’expérience cathartique. Et l’une de ces musiciennes fascinées par le temps et la spiritualité est Sofia Gubaidulina, qui est allée jusqu’à déclarer que « l’objectif principal d’une œuvre d’art est, à mon avis, la transformation du temps ». 

Dans cette communication, nous explorerons les mécanismes et les stratégies que la compositrice utilise pour créer une expérience spirituelle bouleversante inspirée de l’œuvre d’un autre créateur captivé par le temps : T. S. Eliot. Non en vain, Gubaidulina choisit des fragments des Four Quartets d’Eliot, une œuvre fortement influencée par le texte épique-mythologique indien, le Mahābhārata, dont la doctrine particulière sur la temporalité domine l’œuvre. Cette immersion dans l’ensemble poético-musical d’Eliot-Gubaidulina nous permettra de réfléchir, en guise de conclusion, aux différences entre le sacré et le spirituel.